La série « Mémoire de Paysages » est probablement mon travail le plus personnel à ce jour. Elle est le reflet de ma propre expérience : plus de 20 ans après mon départ de l’archipel, ma ville natale me paraît tout à la fois familière et étrangère. Peut-être est-ce moi qui y suis devenu un étranger.
Par ce travail photographique à mi-chemin entre figuration et abstraction, réalisme et surréalisme, je cherche à retranscrire cette sensation d’étrangeté et de déracinement que m’inspirent certains lieux. Ce travail a aussi pour but de questionner l’influence de nos souvenirs intimes, de notre vécu, sur notre rapport au monde : plutôt que notre environnement immédiat, n’habitons-nous pas au contraire la mémoire de tous les lieux que nous avons visités par le passé ? Une mémoire forcément imparfaite où se combinent ici et ailleurs.
Finalement, c’est mon propre pays lointain – un pays qui aurait pu exister, mais qui n’a pas eu lieu – que j’ai voulu ici retranscrire par le médium photographique, par le biais de photomontages et collages numériques réalisés à partir d’éléments architecturaux et de paysages de mon archipel natal, de mon quotidien à Paris et d’ailleurs. Chacun de ces clichés est constitué de plusieurs prises de vues, combinées entre elles afin de constituer une nouvelle réalité, impossible, mais pourtant vraisemblable. Bien que réalistes au premier regard, ces paysages sont totalement fictifs, invitant ainsi le spectateur à déconstruire son propre rapport au réel.